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Portrait d'alumni : Sylvain Breton (X2015)

Interviews & Parcours d'alumni

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14/12/2020

Pour ce nouveau portrait d’alumni, nous avons rencontré Sylvain Breton.

Diplômé de la promotion 2015, Sylvain est actuellement en deuxième année de thèse au département d’astrophysique du CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) de Saclay. Il se consacre également à la vulgarisation des thématiques scientifiques sur lesquelles il travaille.


Pourriez-vous revenir sur votre première année à l’École polytechnique ? 

J’ai toujours voulu poursuivre les études dans des filières scientifiques, donc à l’époque continuer en prépa c’était la voie logique pour moi puisque j’aimais la physique, les maths, la chimie… Même si j’ai toujours gardé un côté littéraire aussi.

Après deux ans de prépa au lycée Montaigne, à Bordeaux, j’ai intégré l’École polytechnique en 2015. Avant d’intégrer l’X je ne pensais pas vraiment à suivre un parcours dans la recherche, c’est vers la fin de mon cursus que cette vocation m’est venue.

En 2015, à l’occasion de mon stage de formation humaine, j’ai pu partir en Polynésie française pendant quatre mois. C’était une respiration assez inespérée après deux ans à préparer des concours, je suis allé à la fois à la rencontre de la culture de la Marine et des archipels.


Quand avez-vous décidé de poursuivre dans la voie de la recherche ?

Après mon stage de première année je suis revenu sur le campus en mars 2016. Ce sont les cours de physique qui m’ont le plus intéressé à cette époque, en particulier l’enseignement de relativité restreinte. À la fin de la deuxième année, j’ai choisi un parcours qui était à mi-chemin entre physique des particules et astronomie/astrophysique.

À l’automne 2017, au début de ma troisième année, je sentais arriver la fin de la période sur le campus et je me demandais quelle était l’étape suivante. J’ai décidé de m’engager sur la voie de la recherche – paradoxalement, c’était un débouché que je n’envisageais pas du tout à l’époque où j’ai intégré l’X.

Au début de cette troisième année, j’ai suivi un cours de physique stellaire, donné par Roland Lehoucq, chercheur au CEA, et Frédéric Daigne, chercheur à l’Institut d’astrophysique de Paris.

C’est ce cours qui m’a fait comprendre que j’avais envie de faire de la recherche non seulement en astrophysique, mais en particulier sur les thématiques touchant aux étoiles et aux exoplanètes. Dans la foulée j’ai pu effectuer un stage de six mois au CEA autour des problématiques de dynamique orbitale et des effets de marée dans les exoplanètes. C’est au sein de l’équipe où je travaillais que j’ai rencontré Rafael García, spécialisé en astérosismologie, qui allait devenir mon directeur de thèse l’année suivante.  


Comment avez-vous défini votre sujet de recherche ?

L’astérosismologie, c’est l’étude à la fois théorique et observationnelle des oscillations dans les intérieurs stellaires. Ce n’est pas un fait très connu, mais par exemple la luminosité du Soleil varie légèrement avec une période de cinq minutes. Cette variation est une conséquence directe des pulsations acoustiques qui se développent dans l’intérieur de notre étoile, excitée par la pénétration dans la zone radiative de l’étoile de masses convectives lancées à pleine vitesse. C’est aussi en observant les pulsations d’étoiles appelées céphéides que dans les années 1920 Edwin Hubble a été en mesure de démontrer que l’Univers observable ne se limitait pas à notre galaxie et qu’il était en réalité démesurément plus grand.

À l’automne 2018, quand je suis revenu vers lui pour discuter de la possibilité d’une thèse, Rafael m’a proposé de commencer par faire mon stage de M2/4A à l’Institut d'astrophysique des Canaries, à Tenerife. Là-bas, j’ai notamment eu l’occasion de travailler sur un instrument qui s’appelle GOLF. Il est embarqué à bord du satellite SoHO, lancé en 1995. La mission de GOLF consiste à observer les oscillations du Soleil avec un objectif bien précis : détecter des oscillations de basse fréquence et de très faible amplitude, les modes de gravité. L’intérêt scientifique de ces modes de gravité est crucial, puisque leur observation nous permettrait d’estimer la vitesse de rotation des régions les plus internes du Soleil, une donnée qui a des conséquences primordiales sur les modèles d’évolution stellaire que nous utilisons aujourd’hui. Les étoiles constituent la brique élémentaire des structures de l’Univers ; on ne peut donc pas comprendre l’Univers sans d’abord bien comprendre le fonctionnement des étoiles. 

L’objectif principal de ma thèse consiste donc à rechercher la signature de ces modes de gravité dans le Soleil et dans les étoiles qui lui sont similaires. 


SOHO_spacecraft_pillars©ESA


Vous consacrez une partie de votre temps à la vulgarisation de thèmes scientifiques sur lesquels vous travaillez. Pourquoi avez-vous commencé ce projet ?

J’ai l’impression qu’aujourd’hui une partie importante du public manque cruellement d’esprit critique. Beaucoup sont prêts à croire à des arguments fallacieux sur les problématiques environnementales, à propos du changement climatique, de la Covid... La crise sanitaire a agi comme un douloureux révélateur de cet état de fait. Une frange non négligeable de l’opinion préfère n’écouter que ceux qui flattent son oreille. D’autres se prétendent en faveur de la rationalité mais ne questionnent même plus le bien-fondé de leurs positions. 

Pour moi, la vulgarisation contribue à porter au grand public une certaine idée du rapport à la science. C’est aussi une façon pour les scientifiques de ne pas rester en vase clos. Pour asseoir sa légitimité, la recherche a besoin de se confronter au monde extérieur.


Partant de ce constat, quelles actions menez-vous pour vulgariser votre travail ?

Cet été j’ai lancé un site où je publie des articles sur des thèmes liés aux étoiles et à mes sujets de recherche. J’ai plusieurs projets d’article en cours, avec l’idée d’en publier régulièrement de nouveaux. J’anime aussi une page Facebook liée au site et un compte Twitter pour essayer de toucher le plus grand nombre de gens possible.

Je suis assez fasciné par l’ampleur de la communauté de vulgarisateurs qui s’est développée sur les réseaux sociaux ces dernières années. Comme la recherche, la vulgarisation scientifique est un travail de fourmi. Tous ceux qui ont des compétences dans une discipline donnée peuvent apporter leur contribution afin de fournir au grand public des informations fiables et accessibles. 

Nous allons au-devant de nouvelles grandes crises dans les décennies qui viennent et la rationalité scientifique est un allié dont nous n’allons pas pouvoir nous passer. Laisser la parole aux faussaires qui prospèrent sur le commerce de l’ignorance est un luxe que notre société ne peut plus se permettre. 


> Découvrir le site de vulgarisation Soleils chanteurs.

> Rejoindre la page Facebook du projet?


Vous souhaitez partager votre parcours avec la communauté polytechnicienne, écrivez à communication@ax.polytechinique.org.

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