Sébastien Payen (X98), co-fondateur de "Fruition Sciences"
Découvrez le parcours de Sébastien Payen (X98), co-fondateur de Fruition Sciences, une entreprise qui met l'intelligence artificielle au service des professionnels du monde viticole.
Qu'est-ce que Fruition Sciences ?
Fruition Sciences est une entreprise franco-américaine qui aide les professionnels du monde viticole à optimiser la production du raisin (qualité et rendement) ainsi que les ressources (eau, intrants). Le produit, 360viti, est un carnet de santé numérique de la vigne qui permet de visualiser et d’anticiper l’état physiologique de la vigne pour prendre des décisions comme l’irrigation, la fertilisation, ou la vendange.
Quand et comment a commencé ce projet d'entrepreneuriat ?
J’ai rencontré Thibaut Scholasch, mon associé, en Californie en 2006. A l’époque, Thibaut amorce une thèse en viticulture car il observe un besoin pour les domaines viticoles californiens de mieux irriguer pour mieux piloter la qualité de la récolte. De mon côté, je suis alors dans ma dernière année de thèse à UC Berkeley. Ensemble nous concevons l’idée d’une application web pour collecter en temps réel des données sur les vignes et aider les vignerons à mieux irriguer.
Quels sont les aspects innovateurs de Fruition Sciences ?
Alors que les concurrents proposent des outils d’aide à la décision sur des problématiques spécifiques (comme l’irrigation, la fertilisation ou le traitement des maladies), Fruition Sciences propose de combiner tous les capteurs ou modèles disponibles en viticulture au sein d’une plateforme web intégratrice et faite pour la prise de décisions agronomiques. En outre, Fruition Sciences accumule depuis 10 ans des données dans les plus grands et prestigieux vignobles de France et de Californie. Ces données permettent de construire des outils de prédiction pour anticiper les décisions à quelques jours, voire quelques semaines ou mois !
Que peut apporter Fruition Sciences aux enjeux environnementaux actuels ?
Les enjeux du changement climatique ont montré que les pratiques doivent s’adapter pour se préparer aux défis de demain. Toutefois, les vignobles expérimentaux et la recherche universitaire sont loin de représenter l’énorme diversité qui existe dans la viticulture mondiale. C’est pour cette raison que l’arrivée massive de données provenant des vignobles va totalement changer la donne. La grande quantité de données permettra de créer des modèles non plus purement mécanistes, mais des croisements entre les data sciences et une compréhension experte des mécanismes physiologiques qui régissent les vignes et leurs fruits. Ces nouveaux modèles seront construits pour apprendre au fur et à mesure et permettront donc d’accélérer l’adaptation des vignobles aux changements climatiques.
Pour la viticulture, le changement climatique rime souvent avec sécheresse et irrigation. Il est clair que, dans un environnement où la consommation en eau donnera lieu à un arbitrage entre la consommation humaine et l’arrosage des cultures, les viticulteurs se doivent d’irriguer au plus proche des besoins en eau des vignes pour éviter le gaspillage et piloter au mieux rendement et qualité. Dans ce cadre, Fruition Sciences fournit depuis plus de 10 ans des capteurs qui mesurent l’état hydrique des plantes. Des études indépendantes ont montré que ces capteurs couplés à l’expertise Fruition permettent d’économiser plus de 50% d’eau sans sacrifier rendement ou qualité.
Qu’est-ce que tes études à Polytechnique t'ont apporté dans ton parcours d'entrepreneur ?
Mes études à Polytechnique m’ont apporté avant tout une capacité à comprendre rapidement de nouveaux concepts scientifiques et techniques. Ma formation scientifique très complète m’a permis d’aborder avec sérénité mon Master et ma thèse à UC Berkeley. J’ai ensuite complété ces compétences scientifiques et techniques avec mon cursus à Berkeley où j’ai pu suivre des cours sur les micro-technologies, les bio-technologies, la gestion de projet mais aussi sur l’entrepreneuriat et le management de l’innovation.
Où en est Fruition Sciences actuellement ?
En 2019, Fruition Sciences réalise un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros, compte une vingtaine d'employés et une activité répartie entre la France et la Californie principalement. Nous sommes actuellement en train de lever des fonds pour accélérer sur le déploiement de la plateforme web, 360viti.
Les projets pour l'avenir ?
En 2019, Fruition Sciences a atteint une taille critique tant au niveau du nombre de clients que de la quantité de données accumulées. L’enjeu est maintenant d’utiliser ces données au mieux pour fournir à nos clients des outils faciles à utiliser et prédictifs. Ensuite il s’agira d’étendre notre approche au-delà de la Californie et de la France dans les grands vignobles internationaux.
Un conseil aux élèves qui souhaitent devenir entrepreneurs ?
En tant qu’ingénieurs, la tendance est de partir d’une innovation technologique et ensuite de trouver un problème à résoudre. Mon conseil est de faire exactement l’inverse : avant toute chose, il faut s’intéresser au marché, aux clients et aux problèmes qu’ils rencontrent. Une fois la problématique comprise, il est alors plus naturel d’identifier la solution la plus pertinente.
Mon deuxième conseil est d’échouer souvent et tôt. En effet, notre formation nous pousse parfois à vouloir développer la solution parfaite. Mon expérience m’a montré qu’il est souvent plus efficace (à la création de la société) de faire des cycles rapides de déploiement des produits pour tester rapidement les hypothèses faites quant au marché et aux clients. Cette approche permet de montrer rapidement que la solution correspond à la problématique du marché et de changer de direction si besoin est.
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