Michèle Leclerc-Olive - 08/12 - Penser les dimensions temporelles des phénomènes

Michèle Leclerc-Olive - 08/12 - Penser les dimensions temporelles des phénomènes

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Penser les dimensions temporelles des phénomènes[1] Michèle Leclerc-Olive, 08 décembre 202518h30, en présentiel et distanciel.« L'incapacité à accepter la complexité de la réalité conduit, non pas à l’irréalité[2], mais à la simplification forcée de la réalité. » écrit Edgar Morin dans La méthode de la méthode (Acte Sud 2024).L’expérience biographique est-il réductible à une expérience de la psyché ? T. Mann a-t-il raison de noter que deux évaluations temporelles peuvent être associées aux périodes d’ennui ? (La montagne magique) Que fait l’IA générative ? Dépasse-t-elle les compétences humaines ou au contraire n’est-elle qu’une technique ? Lorsqu’on parle de ‘techniques mentales ‘ à quels outils pense-t-on ? Quelles sont les expériences temporelles des migrants (notamment, en quittant son pays ?).  Contenu de l’exposéCette intervention veut mettre cette citation d’E. Morin en débat puis examiner certaines de ces simplifications. Cette conférence se centrera notamment sur les questions temporelles, même si les conséquences épistémologiques requièrent de renoncer à la fois au tiers exclu et au temps des physiciens classiques.Un ouvrage en préparation (Le tragique de l’incertain) veut attirer l’attention sur les procédures de pensée qui caractérisent notre présent. L’hypothèse est que la crise que nous traversons est ‘civilisationnelle’ et donc plus profonde que simplement politique, ou même historique, crises que voulaient nommer les concepts d’épistémè, de paradigme, de carte mentale, etc. Ces procédures (logique, le temps, etc.) semblent être héritées de la pensée aristotélicienne et des monothéismes, autant que de Descartes. Elles tiennent essentiellement au binarisme[3] (hérité notamment d’Aristote) et à l’oubli (l’évacuation ?) des dimensions temporelles des phénomènes. Cette intervention, centrée sur les aspects temporels, n’oublie pas que des liens indissolubles unissent le binarisme et cette réduction des dimensions temporelles à un ‘temps’ qui se réduit au mieux à une droite DANS laquelle viendraient s’inscrire les phénomènes. On soutiendra en particulier qu’il serait bienvenu de ne plus identifier ‘le’ temps à une droite (Â) mais de considérer lesdimensions temporelles (événement, devenir, etc.) des ‘phénomènes’ comme (une partie de ?) Â2. Autrement dit, cette intervention invite à abandonner la pensée unidimensionnelle qui permet de postuler un ordre total (dont les économistes ont besoin !) et à proposer l’océan (et non une droite) comme métaphore de l’incertain.Éléments biographiquesMichèle Leclerc-Olive, mathématicienne (probabiliste) et anthropologue, a passé l’agrégation de mathématiques en 1973, est titulaire d’une thèse de Sociologie (1990) et d’une HDR (2004) en SHS. Elle travaille sur les prédations minières en Afrique de l’Ouest, sur les expériences biographiques (notamment les expériences migratoires) et surtout sur les épistémologies de l’incertitude. Après avoir enseigné les mathématiques en CPGE, elle entre au CNRS en 1990. Elle rejoint l’EHESS en 1999. Ses publications ont porté sur les pratiques de décision (« Décider sur les marchés financiers », Communications n° 95, 2014), sur les expériences migratoires (« Au-delà des épistémologies sédentaires », Parcours anthropologiques n° 10, 2015), sur les prédations foncières (Anthropologie des prédations foncières, EAC, 2017) et sur les choix épistémologiques de notre époque « Qu’a ‘fait’ la notion de société civile ? », Sens Public n° 15/16, 2013). [1]  Brandir ce terme ne signifie pas qu’on adopte une posture kantienne. Il est utilisé ici dans un sens commun  qui aurait pu être remplacé par ‘fait’ si ce dernier terme n’avait pas été l’objet de maints débats. [2] Faire appel à l’irréalité pour échapper à la complexité du monde fut (ou est ?) un recours idéologique fréquent ; qu’on pense aux institutions et aux pensées judéo-chrétiennes ou aux représentations du monde en vigueur dans la Grèce antique.   [3] Il ne faut pas confondre le binarisme aristotélicien avec toute autres formes de dualisme. Ex de dualisme oublié : Il faut ‘probablement’ dissocier l’analyse générale que l’on fait à l’aube d’un scrutin, et la manière dont on va voter. De manière générale : on analyse une situation ET on s’engage dans une action. Il y a évidemment un lien entre ces 2 prises de position, mais elles ne sont pas identiques.  

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