Et si la féminisation de l'X était une affaire de soft skills ?
24/09/2022
Dans La Jaune et la Rouge de ce mois de septembre 2022, le président de l'AX Marwan Lahoud a annoncé des "actions concrètes lancées dans les prochaines semaines [dans le cadre d'un] plan d'ensemble [de l'X, l'AX et la FX] pour attirer les jeunes filles, dès le collège et le lycée, vers les sciences dures" [1] ; "l’objectif 2026 de féminisation de sa population étudiante est de 30% " [2].
Mais où en est-t-on exactement ?
Le dossier "50 ans de féminisation à l'X" dans le numéro de septembre de La Jaune et la Rouge livre quelques données statistiques[3].
Le taux de féminisation est actuellement de 24% pour l'ensemble de cette population, qui inclut les bachelors, les élèves-ingénieurs du "cycle ingénieur", les étudiants en master, ceux en MSc&T et les doctorants ; les élèves-ingénieurs (1A + 2A + 3A + 4A) comptent pour 58 % de cette population et son taux de féminisation est de 18%.
Pour gagner 6 points en moins de 5 ans, l'X peut compter sur une approche d'un parcours de 15 ans au profit de la diversité et de l'égalité des chances : sensibiliser, accompagner, "célébrer et inspirer".
En 15 ans d'opérations, notre École est passée "à l'échelle" [4a] ; la poignée de 30 lycéens de seconde intégrant en 2006 le programme GEPPM (Une Grande École, Pourquoi Pas Moi) est devenue une cohorte de "16 000 lycéens dans 30 académies y compris outre-mer" grâce à la mise en œuvre de différents dispositifs de sensibilisation (Opération Monge), de tutorat Cordées de la réussite,..), de gratification de bourse (Fondation de l'X), et en lançant des opérations de tutorat sur numérique (#Genius,…).
Or les statistiques pointent le goût des mathématiques comme pierre d'achoppement et le cycle ingénieur comme champ d'action principal : le taux de féminisation dans la filière des mathématiques en 2A tombe à 10 % [3] et il suffit qu'en 2026 le taux du cycle ingénieur atteigne le moins bon taux actuel des autres catégories, soit 28%, pour que l'objectif de 30 % soit atteint toutes choses égales par ailleurs.
Les mesures de diversité et d'égalité des chances actuellement déployées (journées "Filles & Maths" [4b],...) risquent donc de ne pas suffire, d'autant plus que les statistiques de l'année scolaire 2021 avertissent que "le vivier de jeunes filles susceptibles de s’orienter vers les études d’ingénieurs diminue" [3].
Pour tenir les objectifs, il faudra imaginer des solutions innovantes.
Heureusement, l'AX compte plusieurs alumni bénéficiant d'un parcours de professorat de mathématiques [5] ou opérant dans l'EdTech [6] qu'elle pourrait consulter ; elle pourrait aussi lever les retours d'expériences du collectif X-MathsCollege [7], créé il y a 8 ans en réaction de la publication par l'OCDE des résultats de l'édition 2012 du Programme International du Suivi des Acquis des élèves (PISA) montrant que la France est un des pays les plus inégalitaires en apprentissage des mathématiques.
Pour féminiser l'X, outre le soft skill "communication", il faudra mobiliser les soft skills "collectif", "créatif" et "sens de l'intérêt général" .
[1] Un plan d’ensemble pour plus de filles à l’X, Marwan Lahoud (83), La Jaune et la Rouge, septembre 2022
[2] 50 ans de femmes à Polytechnique : Célébrer et Inspirer, Eric Labaye (80), La Jaune et la Rouge, septembre 2022
[3] 1972-2022 : analyse de l’évolution du nombre de femmes à Polytechnique, Marie Bresson, La Jaune et la Rouge, septembre 2022
[4a] Rapport annuel du Pôle diversité et réussite de l'Ecole polytechnique 2020 – 2021
[4b] journées Filles&Maths portées par l'association Animath et l'association Femmes & mathématiques
[5] Protection et partage d'une démonstration de maths, X-Propriété-Intellectuelle, juillet 2019,
[6] EdTech ou la désintégration de la chaine de valeur de la formation professionnelle, X-Open-Innovation, avril 2019
[7] X-MathsCollege
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