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Hommage à Louis Armand et Yves du Manoir

L'Association

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02.23.2024

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À l’occasion de la publication de l’annuaire 2024, l’AX a souhaité célébrer la mémoire de deux figures éminentes de la promotion X1924 : Louis Armand et Yves du Manoir.

Lisez ci-dessous l’éditorial de Loïc Rocard (X91), président de l’AX, publié dans cette nouvelle édition de l’annuaire.


Armand et du Manoir : deux figures mythiques de la promotion X1924

La tradition s’est installée d’offrir chaque année l’annuaire de Polytechnique à la mémoire d’une célébrité de la promotion de l’année N-100, sauf dérogation (et pour que la mémoire ne soit pas trop systématiquement masculine).

En l’occurrence 2024 ne fait pas exception à la règle et c’est Louis Armand qui a été élu haut la main. Ce choix s’est imposé, non sans empêcher un débat dont Yves du Manoir a été un perdant plus qu’honorable. Yves et Louis sont donc cocons de la 1924. Ils se sont bien connus à l’École et, si l’on veut bien croire les souvenirs de Louis, fréquentés et appréciés. Ces deux personnages illustres représentent deux pôles d’un magnétisme polytechnicien où la mythologie a sa part.

Le député Antoine Armand se chargeant de l’hommage nécessaire à son illustre arrière-grand-père, rendons une justice rapide à du Manoir (en réalité Dumanoir mais on évitera la controverse ici). Pour commencer, son nom est beaucoup plus connu qu’Armand.

Au nombre des très rares X sportifs de haut niveau, on ne voit guère que Borotra pour rivaliser avec lui (et on reconnaîtra au passage que la place du Mousquetaire dans l’histoire de son sport dépasse de loin celle de du Manoir dans le sien). Mais surtout notre rugbyman est une légende. Son aura doit au caractère tragique de la mort qu’il a trouvée aux commandes de l’avion dans lequel, sous-lieutenant, il terminait sa qualification de pilote.

Armand est le spécimen du corpsard dont la carrière allait dépasser toutes les attentes, alors que du Manoir, intégré en 7/2 et sorti dans les derniers, n’en a pas eue. Il n’a eu aucune carrière professionnelle parce qu’à 24 ans il était déjà mort. Mais entretemps il avait régalé les fidèles du Racing club de France et porté à 6 reprises comme élève – imagine-t-on cela aujourd’hui ? – le maillot de l’équipe de France de rugby. On n’a pas retenu que le total de huit capes accumulé par ce demi d’ouverture élégant correspond à autant de défaites et à seulement 4 points, un drop du 24 janvier 1925 à Édimbourg, jour de dégelée 4 à 25. Perdant, mais magnifique, on aimait l’aimer parce que du souvenir de ceux qui ont témoigné, Armand compris, c’était un excellent camarade, volontaire, drôle et serviable. Au lendemain de sa disparition sa popularité s’est envolée. On a nommé un stade à son nom, un challenge rubgystique national, et des dizaines de rues, d’établissements scolaires, d’équipements sportifs.

On ne sait pas ce qu’il aurait fait pendant la seconde guerre mondiale. Pour Armand on sait et on est admiratif. Armand a tout pour lui.

Résistant, haut fonctionnaire écouté du pouvoir, gloire historique de la SNCF, ingénieur technicien, professeur à l’École des ponts et à l’ENA pendant presque 30 ans, écrivain, membre de l’Institut dans trois académies différentes, Louis Armand est un modèle pour les aspirants à un rôle dans la sphère publique. Il fut le haut-fonctionnaire-administrateur s’il en est un, à la charnière entre la décision politique et le champ du possible, scientifiquement informé, quand se mijotaient les révolutions industrielles du TGV, de l’électricité nucléaire et de l’exploration spatiale. Du calibre de celles des Dautry, Guillaumat ou Giraud, la figure de Louis Armand a quelque chose de valeur refuge un demi-siècle après sa disparition, à l’heure où déplorer le manque de culture technique de ceux qui nous gouvernent est devenu.

Pont-aux-ânes. Il a un quelque chose de mythique, qui le rapproche de son camarade de casert.

Saluons deux êtres singuliers de la promotion 1924 qui ont laissé une grande trace derrière eux.

 _ _ _

> Lire l’article « Louis Armand (1905-1971), le pouvoir de la science », par Antoine Armand



À compter de 2024, par défaut, la version papier de l’annuaire est envoyée uniquement une année sur deux : les promotions rouges le reçoivent les années paires, et les promotions jaunes le reçoivent les années impaires. En savoir plus sur cette évolution.

Pour rappel, l'annuaire papier est destiné uniquement aux membres cotisants.

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