Stefanie Stantcheva (M09) et Casimir de Lavergne (X08), lauréats du Prix Dargelos de l’AX

Stefanie Stantcheva, titulaire d’un master de l’École polytechnique, professeure d’économie à Harvard, et Casimir de Lavergne, océanographe, diplômé du cycle ingénieur polytechnicien, chargé de recherche au CNRS, sont les lauréats du Prix Dargelos 2024. Le prix leur a été remis par Loïc Rocard (X91), président de l’AX, en présence des membres du jury, lors d’une cérémonie organisée le 9 décembre 2025 à la Maison des Polytechniciens.

Jean-Pierre Bourguignon (X66), président du jury, a rendu hommage à la mémoire de Claude Henry, membre du jury disparu le 17 avril 2025, et professeur à l’X pendant de longues années. Il a également salué le nombre remarquable de candidatures reçues pour cette édition, témoignant de l’attachement de nombre d’anciens élèves de l’X à la recherche et de la vitalité du prix.

En retraçant les travaux de Stefanie Stantcheva, Pierre Boyer, professeur d’économie à l’École polytechnique, et Jean Tirole (X73), Prix Nobel d’économie et lui-même lauréat du Prix Dargelos en 2000, ont salué l’originalité incomparable des recherches de la jeune économiste. Françoise Gaill, directrice de recherche émérite au CNRS en océanographie et co-présidente de l’International Panel on Ocean Sustainability (IPOS) nouvellement créé, a souligné, dans sa présentation des travaux de Casimir de Lavergne, à quel point la compréhension de la circulation océanique profonde avait changé depuis la publication de ses résultats.

Stefanie Stantcheva, professeure d’économie politique à l’Université de Harvard, titulaire de la chaire Nathaniel Ropes, fondatrice et directrice du Social Economics Lab.

Stefanie Stantcheva étudie la fiscalité des entreprises et des particuliers, ainsi que la manière dont les individus comprennent, perçoivent et forment leurs attitudes à l’égard des questions et des politiques économiques. Ses recherches récentes explorent les attitudes des citoyens vis-à-vis de la fiscalité, du commerce, de l’immigration, du changement climatique et de la mobilité sociale. Elle a également étudié les effets à long terme des politiques fiscales sur l’innovation, l’éducation et l’évolution du niveau de vie.

Stefanie a obtenu un doctorat en économie du MIT en 2014, puis a été junior fellow à la Harvard Society of Fellows de 2014 à 2016, avant de rejoindre le département d’économie de Harvard, où elle a rapidement obtenu la tenure. Co-éditrice du Quarterly Journal of Economics, elle a d’ores et déjà reçu outre-Atlantique plusieurs distinctions majeures pour ses travaux.

Je suis vraiment très honorée de recevoir ce prix. J’ai tellement appris de l’École polytechnique et je souhaite pouvoir continuer à contribuer au rayonnement de cette merveilleuse communauté d’anciens et d’étudiants », témoigne Stefanie Stantcheva.

Casimir de Lavergne, chargé de recherche au CNRS en océanographie physique au sein du Laboratoire LOCEAN (Sorbonne Université)

Après l’École polytechnique, Casimir de Lavergne a rejoint l’Université McGill, à Montréal, en 2011 où il a effectué un master-recherche en sciences de l’atmosphère et de l’océan. C’est là qu’il a découvert et débuté dans l’océanographie, au travers d’un premier travail de recherche consacré aux courants verticaux dans l’Océan Austral polaire et leurs changements récents. Au cours de sa thèse au LOCEAN à Paris, il a exploré le fonctionnement de la circulation océanique profonde, et en particulier le rôle des marées dans cette circulation. Entre 2016 et 2018, il a poursuivi son exploration des abysses à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie.

Les recherches de Casimir de Lavergne combinent observations, théorie et modélisation pour élucider la structure, les moteurs et les impacts des grands courants océaniques. Elles ont transformé la vision qu’ont les océanographes de la circulation thermohaline. Ses travaux ont aussi mis en lumière la sensibilité réciproque de cette circulation au changement climatique. En parallèle, il a contribué au développement des modèles numériques de l’océan, qui souffrent encore de lacunes dans leur représentation de l’océan profond et des transports verticaux, avec des répercussions sur les projections climatiques du XXIe siècle.

Recevoir le prix Dargelos est pour moi une magnifique reconnaissance, et un encouragement à poursuivre dans cette voie, guidée par la curiosité, la collégialité et l’esprit critique. C’est aussi une reconnaissance pour les sciences de l’océan et du climat, qui sont à la fois jeunes, fondamentales et interdisciplinaires, et dont je crois que nos sociétés doivent plus que jamais s’emparer », déclare Casimir de Lavergne.

Créé en 1994 pour rendre hommage à la mémoire de François Pierre Dargelos (X1909), ce prix est destiné à récompenser des jeunes chercheurs pour un travail de haute valeur scientifique dans le domaine des sciences fondamentales. Le prix Dargelos de l’AX est doté d’un montant de 40 000 euros par lauréat.

Vidéo de Jean Tirole réalisée à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix.